Francis Poézévara

Conseiller municipal à Puteaux

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21 avril : Souvenirs

21 avril 2002

Les résultats du 21 avril 2002

Impossible de ne pas évoquer cela aujourd’hui : il y a 7 ans, un véritable séisme avait lieu sur la scène politique française. Pour la première fois de l’Histoire (et l’unique, espérons !), le candidat d’extrême droite accédait au second tour des élections présidentielles.

Cela se passe le 21 avril 2002. La Gauche est au pouvoir depuis 5 ans. Son bilan est bon, comme le reconnaissent de nombreux observateurs. Lionel Jospin est donné gagnant dans de nombreux sondages, face à un Jacques Chirac soupçonné dans de nombreuses “affaires” douteuses. Tous les français en sont persuadés : le second tour sera un face à face entre le président sortant et son premier ministre. Mais plusieurs phénomènes viennent se greffer à cela.

Tout d’abord, les différents alliés traditionnels du PS essaient de profiter du scrutin pour peser au sein de la future majorité de Gauche. Nombreux sont donc ceux qui préfèreront faire liste à part. Les raisons sont diverses, allant de la remise en cause d’une politique jugée “pas assez à Gauche” pour certains, à un simple “concours de celui qui a la plus longue” pour d’autres. Toujours est-il que la Gauche Plurielle de 97 n’est plus qu’un vague souvenir.

Ensuite, les différents sondages poussent Lionel Jospin à être trop optimiste. Sûr de sa victoire (du moins de son accession au second tour), il ne s’attache pas à faire une campagne sur ses propres thèmes, mais se contente de suivre les thèmes imposés par la Droite (notamment la sécurité). Par orgueil, il aurait également refusé la main tendue de Christiane Taubira, qui lui aurait proposé de se désister à son profit. “Je gagnerai tout seul”.

Enfin, l’électorat de Gauche fait également trop confiance aux sondages. Persuadés de la victoire de Jospin, de nombreux électeurs ont le raisonnement suivant : ils voteront pour un “petit” parti au premier tour, afin d’infléchir la politique de Jospin dans le sens qu’ils souhaitent, puis voteront pour lui au second tour.

Pour rappel, les trois derniers sondages, réalisés les 17 et 18 avril 2002 par les institutes CSA, Ipsos et LCI/SOFRES donnent les résultats suivants au premier tour :

CSA Ipsos LCI/Sofres
Jacques Chirac 19.5% 20% 19.5%
Lionel Jospin 18% 18% 17%
Jean-Marie Le Pen 14% 14% 13.5%

Les résultats sont tout autres : si J. Chirac est en effet en tête, avec 19.88%, il est suivi de J-M Le Pen, à 16.86%, puis L. Jospin à 16.18%. Le candidat d’extrême droite se retrouve donc au second tour.

Cette nouvelle a l’effet d’un séisme sur la vie politique française, et particulièrement sur la Gauche française. En effet, les différents partis de l’ex-Gauche Plurielle ont cumulé plus de 30% des suffrages, et nombreux sont ceux qui regretteront l’absence d’un nouvel accord entre eux.

Couverture de The Economist suite au 21 avril 2002

Couverture de The Economist suite au 21 avril 2002

De nombreuses manifestations auront lieu par la suite, rassemblant plusieurs centaines de milliers de manifestants à plusieurs reprises. L’événement suscitera aussi de nombreuses réactions internationales, et fera la Une de plusieurs journaux étrangers.

Quelles sont vraiment les conséquences du 21 avril 2002 ? Difficile à dire. Les dernières élections présidentielles ont montré que les sondages n’étaient pas remis en cause, bien au contraire. Ils sont devenus un élément majeur (sinon L’élément majeur) des campagnes. Alors quoi ? Peut-être la notion de “vote utile“, qui a permis aux deux premiers candidats d’obtenir plus de 25% des voix en 2007. Mais surtout, la conséquence la plus probable du 21/04/02 est l’affaiblissement du PS qui s’en est suivi, affaiblissement qui a duré jusqu’au congrès de Reims de l’automne dernier. Il aura fallu attendre presque 7 ans pour que le Parti Socialiste soit à nouveau en ordre de bataille, prêt à gouverner le pays, avec des propositions concrètes et précises, et un programme homogène.

Pour finir, voici deux autres anniversaires que nous fêtons aujourd’hui :

1944 : Il y a (seulement !) 65 ans, le droit de vote était accordé aux femmes.

1997 : Il a 12 ans, Jacques Chirac prenait la meilleure décision de ses deux mandats, et annonçait la dissolution de l’Assemblée Nationale, qui conduira à la nomination de Lionel Jospin au poste de Premier Ministre.

Puteaux – Joëlle Ceccaldi-Raynaud : Députée, mais pas trop

Joëlle Ceccaldi-Raynaud - Députée-Maire de Puteaux

Joëlle Ceccaldi-Raynaud - Députée-Maire de Puteaux

Vincent Nouzille, auteur en 2006 de Députés sous influence, publie aujourd’hui sur le site Lesinfos.com les statistiques de l’activité des députés à l’Assemblée Nationale. C’est suite au récent revers de la majorité sur la loi Hadopi qu’il a eu l’idée de rassembler toutes les informations présentes sur le site de l’Assemblée Nationale, afin de faire un classement des députés les moins actifs de l’Hémicycle.

Chacun s’amusera évidemment à chercher son député dans la liste, et à traquer quelques “grands” noms parmi les “députés fantômes”. A Puteaux, nous sommes évidemment représentés à l’Assemblée par notre maire, Mme Ceccaldi-Raynaud (qui n’est pas passé loin de laisser son siège à Sarkozy Junior). Et comme on pouvait s’y attendre, elle sort tout juste des 20% des députés ayant le moins participé aux débats depuis le début de la législature. Elle fait donc moins bien que 461 de ses collègues.

Petite question : à quoi sert-il d’être élu si ce n’est pour participer au débat ? Avec une unique participation en séance, la députée-maire de Puteaux ne fait même pas le strict minimum. Mais, comme le rappelle l’auteur de l’article, les députés ne sont pas payés en fonction de leur présence et participation ! Ceci étant dit, elle fait tout de même mieux (selon le classement) que Patrick Balkany, son collègue de Levallois, qui pointe juste au-dessus d’elle.

De l’autre côté du classement, parmi les députés les plus actifs, on retrouve sans surprise Didier Migaud (PS), le président de la commission des finances, suivi de Patrick Ollier (UMP), président de la commission des affaires économiques, de Pierre Méhaignerie (UMP), président de la commission des affaires culturelles et sociales, et enfin Jean-Pierre Brard (PC), dont je vous parlais précédemment.

Après Puteaux, je finis, affinités oblige, par les députés de la 3è circonscription de l’Isère (Grenoble), Michel Destot, qui arrive péniblement à la 186è place, et celui de la 5è circonscription de la Manche (Cherbourg), Bernard Cazeneuve, qui lui pointe à une bonne 477è place !

La liste complète est disponible ici.

Hadopi : le Best-Of de Jean-Pierre Brard

Jean-Pierre Brard

Jean-Pierre Brard

La bataille contre Hadopi a rendu célèbre l’action d’un député particulièrement. Il s’agit de Jean-Pierre Brard, député du groupe Gauche Démocrate et Républicaine, élu de la 7è circonscription de Seine-Saint-Denis. Une multitude de vidéos de ses interventions circule sur Internet, je vous mets ici l’un des “best-of”, qui permet non seulement de saisir son style, mais également de suivre son discours.

Partie 1 :

Partie 2 :

Partie 3 :


Partie 4 :


Partie 5 :


Charcutage électoral : l’UMP se fait plaisir

Depuis plusieurs années, on entend ici et là parler de redécoupage électoral. Et en effet, il s’agit d’un problème important lors des élections législatives en France : alors que le vote de chaque Français devrait avoir le même poids politique, l’évolution de la démographie depuis le dernier découpage électoral a entrainé des écarts conséquents. Ainsi, la voix d’un électeur du Val d’Oise vaut environ 6 fois moins que celle d’un électeur de Lozère. Il fallait donc remédier à ce problème, en redécoupant la carte électorale.

Représentativité des circonscriptions électorales

Représentativité des circonscriptions électorales

Et c’est ce que M. Marleix a été chargé de faire par le gouvernement. Avant d’aller plus loin, rappelons que ce même M. Marleix a été jusque l’année dernière secrétaire national aux élections à l’UMP. En clair, il était chargé d’étudier les possibilités de victoire de l’UMP dans chacune des circonscriptions. Ses conclusions ont été rendues publiques par LeMonde.fr la semaine dernière. Et, “surprise”, la gauche se retrouve “pénalisée”.

Au programme : 33 suppressions de circonscription. Sachant que la Droite est à la tête de 60% des circonscriptions, et que la Gauche n’en possède que 40%, on aurait pu s’attendre à en voir (environ) 13 supprimées à gauche, et 20 à droite. Que nenni ! Pourquoi se priver alors qu’on est au pouvoir ? M. Marleix propose d’en supprimer 23 à gauche, et 10 à droite !

“A-t-il vraiment eu le choix”, me demande-t-on dans l’oreillette. Evidemment qu’il l’avait ! Les redécoupages électoraux peuvent être faits d’à peu près n’importe quelle manière, du moment que cela arrange celui qui les fait… Tout ceci est très bien expliqué sur l’article de Wikipédia sur le Découpage électoral, dont je vous invite à prendre connaissance. Petite note pour ceux qui souhaiteraient briller en société en parlant franglais : cela s’appelle le gerrymandering.

Voici un nouveau déni de démocratie de la part de l’UMP. Après avoir reproché aux députés PS d’aller voter à l’Assemblée Nationale, voilà qu’ils essayent de rendre impossible l’accession de la Gauche à la tête de l’Etat. Jusqu’où iront-ils ? Qui les arrêtera ? Le Parti Socialiste s’interposera en tous les cas.

En savoir plus :
Redécoupage électoral : la Gauche pénalisée, par leMonde.fr
Redécoupage électoral : les socialistes montent au front, par leMonde.fr
Découpage électoral, article Wikipédia

Le livre noir des villes de gauche

"Le livre noir des villes de gauche" de l'UMP

“Le livre noir des villes de gauche” de l’UMP

Les élections européennes approchant, l’UMP a sorti hier son “livre noir des villes de gauche“. Après le “livre noir des régions socialistes”, c’est donc aux municipalités socialistes que la droite s’attaque. J’aurais pu ne pas en parler pour ne pas lui faire de pub, mais ce livre m’a tellement amusé que je ne résiste pas au plaisir de le faire !

S’opposer pour s’opposer

Et en effet, ce livre est amusant à plus d’un titre. Tout d’abord, alors qu’on entend régulièrement l’UMP raconter “le PS, c’est l’opposition permanente”, ou bien dire que nous n’avons pas de propositions, ils se livrent à une critique en règle – absolument non constructive – de la gestion de la Gauche dans les villes. Cela prouve, s’il y avait besoin, qu’ils n’ont actuellement aucune idée à défendre, alors que le PS, à travers son Manifesto, a établi un programme concret, aux propositions ambitieuses et solides. On comprend alors que la droite en soit réduite au dénigrement systématique, quand elle n’a toujours pas réussi à mettre en place ses listes pour les élections, ni un programme autre que “Non à la Turquie !”.

Des critiques absurdes et sans fondement

Ceci dit, si leurs critiques étaient fondées, on pourrait comprendre qu’ils sortent ce livre. Mais c’est là le second point amusant ! Je n’ai lu pour l’instant que les critiques de Grenoble et Paris, et j’ai beaucoup ri.

Grenoble

Grenoble

Pour Grenoble, Fabien de Sans Nicolas commence par remettre en cause l’arrivée de Michel Destot à la tête de la ville. Alors qu’Alain Carignon serait devenu maire héroïquement, Michel Destot n’y serait arrivé que grâce à une “bonne fée”. Est-il nécessaire de rappeler que Carignon croule à l’époque sous les “affaires politico-judiciaires”, qui font de lui l’un des politiques les plus malhonnêtes de son époque ? Qu’il a été condamné à 5 ans de prison (notamment) pour corruption, abus de biens sociaux et subornation de témoins ?

Le reste du texte de Fabien Sans Nicolas a du mal à attaquer la politique de Michel Destot. Il passe rapidement sur ses deux premiers mandats (et donc sur 12 ans de la ville), pour ne s’attarder qu’à la première année du nouveau mandat. Et que lui reproche-t-il alors ? Il lui reproche, je cite, de “ne pas avoir su anticiper la crise”. Ce constat est particulièrement ironique, à deux égards. Premièrement, si la Droite n’a jamais imaginé un seul instant que le modèle libéral conduirait à la crise, la Gauche l’a toujours dénoncé ! L’hôpital se moque-t-il de la charité ? Et deuxièmement, qui, il y a un an, aurait pu prévoir que la crise économique serait si rapide et si forte ? Personne.

Enfin, dernier point sur lequel l’UMP attaque Michel Destot : “il a conduit Grenoble à un échec cuisant lors de la désignation de la ville qui représentera la France à l’organisation des Jeux Olympiques de 2018”. Apparemment, F. de Sans Nicolas ne s’est pas beaucoup intéressé au dossier ! En effet, comme je le précisais dans l’article sur les candidatures aux JO, après étude des dossiers par la commission, Grenoble était en tête ! Ce qui signifie que la capitale des Alpes avait le meilleur dossier sur le fond. Si Annecy a finalement été choisie, c’est grâce au vote des membres du CNOSF, vote qui résulte plus du sentiment personnel que de l’étude technique. Comme “échec cuisant”, on a vu pire !

Paris

Paris

Pour Paris, je la ferai courte, car la critique est encore plus caricaturale ! Il est reproché à Bertrand Delanoë d’être “un maire moderne, soucieux des problèmes économiques et désireux de promouvoir l’art et la culture“. Et de rappeler la mise en place des Vélib‘, l’organisation des Nuits Blanches, ou encore Paris Plage… Pire encore, Delanoë a – quelle hérésie -, créé des emplois ! L’UMP est donc le seul parti qui, à l’heure où le chômage explose, déplore la création de 8 000 postes de fonctionnaires.

Enfin, dernier point dénoncé par la Droite, le PS à paris, “au nom de l’idéologie socialo-verte”, a privilégié le déplacement en transports en commun plutôt que le déplacement en voiture. Qui aujourd’hui s’oppose encore à cela ? L’UMP nous fait une belle démonstration anti-écologique, à l’heure où le développement durable et l’empreinte de l’Homme sur la planète sont sur toutes les lèvres.

Et Puteaux, dans tout ça ?

Puteaux

Enfin, la lecture de ce document est d’autant plus “amusante” pour les Putéoliens. Lorsque l’on compare les critiques formulées par le parti de Joëlle Ceccaldi-Raynaud avec la politique que celle-ci met en place dans notre ville, on hallucine. Que ce soit sur l’augmentation des impôts (votée lors du dernier Conseil Municipal), le budget “petits fours” (qui est toujours cité ironiquement par nos voisins), les logements sociaux (dont le pourcentage baisse chaque année, et qui sont souvent insalubres), le mépris de l’opposition (dont les questions ont par exemple été zappées lors du Conseil Municipal de janvier), etc., Puteaux fait bien pâle figure à côté des villes socialistes. A quand le livre noir de Puteaux ?

Un livre inutile

Pour conclure, je dirais qu’il est logique que ce livre noir soit plus que bancal : il est bien difficile pour la Droite de critiquer les mairies socialistes, dont la gestion est bien meilleure que la leur. Mais alors, pourquoi tout de même essayer de faire un livre noir sur ce sujet ? S’abstenir aurait sans doute été la meilleure solution, surtout à la veille d’un rendez-vous électoral !

Petit bonus : on remarquera l’extrême démagogie de “l’ouvrage”. A aucun moment, le logo UMP n’apparaît, ou le parti n’est cité. Volonté affichée de faire croire aux Français qu’il s’agit d’un livre indépendant, alors qu’il a été effectué par le parti de la majorité, et que tous les témoignages sont écrits par les candidats de droite ayant perdu les élections municipales !

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