Victoire du Rassemblement National ? Défaite de Macron ? Victoire d’EELV ? Défaite de LFI ? On lit beaucoup de choses sur les résultats des élections européennes de dimanche dernier. Voici mon analyse des résultats nationaux et à Puteaux.
Les européennes au niveau national
Le premier constat, évident, est que le score du Rassemblement National est beaucoup trop important. Jamais nous ne devrons nous y résigner, ce parti est l’ennemi de la République, et chaque voix obtenue est un échec de l’ensemble de la classe politique démocrate et républicaine. Quel que soit notre bord politique, le résultat de dimanche soir est donc obligatoirement, et avant tout, inquiétant.
Néanmoins, peut-on réellement parler de défaite de LREM et d’Emmanuel Macron ? Certes, comme le dit très justement Boris Vallaud, en essayant de faire de Macron une digue anti-RN, LREM n’a réussi qu’à faire du RN une digue anti-Macron. Mais je suis convaincu que cela reste l’objectif premier du Président de la République : finir d’installer le clivage libéraux contre populistes comme seul clivage de la politique française (voire européenne). En cela, le résultat de dimanche soir constitue un succès pour LREM. Après avoir dynamité la gauche en 2017, voici qu’ils ont dynamité (ou plus exactement, phagocyté) la droite. Et installé un peu plus le match Macron vs. Le Pen qu’ils espèrent tant voir se reproduire en 2022, s’agissant du meilleur scénario pour une réélection.
Je n’aurai pas de mot suffisamment dur pour qualifier cette stratégie. Cette vision électoraliste à court terme est mortifère. Nous ne répéterons jamais assez qu’en installant l’extrême droite en seul opposant politique, en seule alternative, Emmanuel Macron programme son arrivée au pouvoir.
Pour contrer cette stratégie à vocation hégémonique de duo LREM / RN, le scrutin de dimanche a montré une voie. Le bon score des écologistes (même s’il faut savoir raison garder, il ne s’agit que de 13,5% à une élection européenne) vient en écho de la teinte verte qu’ont pris les différents programmes de gauche, Génération·s bien sûr, LFI, mais également des partis historiquement plus réservés sur ce sujets tels que le PS et le PCF.
La voie qui doit s’imposer, face aux libéraux et populistes, est celle de l’écologie et de la justice sociale. On en est loin, notamment parce qu’aujourd’hui les forces sont divisées entre de nombreuses chapelles, qui pour diverses raisons n’ont pas été conciliables dimanche. Mais ce n’est pas une fatalité. Nous voyons, chacun doit voir, le potentiel que cachent ces scores éclatés.
Il y a énormément de points communs entre les EELV qui refusent la vision ni-de-gauche-ni-de-gauche portée par certains, les Génération·s, les PS-PP qui se reconnaissent plus en Glucksman qu’en le social-libéralisme, les PCF qui ont dépassé une vision productiviste historique, les LFI qui reviennent d’un positionnement populiste voué à l’échec… Et tant de sympathisants, qui n’attendent que cela.
Il est temps de construire enfin cette maison commune, que l’on évoque chacun dans son coin depuis des années sans vraiment s’y atteler. Cette construction ne peut se faire derrière personne, autour de personne, mais bien ensemble. Bien sûr, la responsabilité de lancer cette dynamique incombe en premier lieu à EELV. Chacun devra faire preuve d’humilité, ce qui est souvent une gageure en politique. Mais notre responsabilité est là, et ne pas l’assumer serait condamner notre pays à voir se succéder les politiques injustes et dépassées des libéraux et les politiques fascisantes de l’extrême droite.
Au travail.
Les européennes à Puteaux
A Puteaux, les résultats sont également porteurs de messages intéressants. Tout d’abord, ils sont la confirmation que le Rassemblement National ne parvient pas à s’implanter dans notre ville. Absente du Conseil municipal, l’extrême droite ne perce pas plus aux scrutins nationaux. Je m’en réjouis !
Le grand enseignement est avant tout l’effondrement du parti de Joëlle Ceccaldi-Raynaud. Les Républicains ne rassemblent que 13,8% des voix, sans doute le score le plus bas réalisé par le parti depuis plus de 20 ans. Alors que l’on estimait que la “machine électorale ceccaldiste” assurait 5 000 voix à chaque élection, seules 2 340 personnes ont glissé le bulletin de la majorité municipale dans l’urne. En y ajoutant les voix de l’UDI et de Debout la France, on atteint péniblement 19%.
Joëlle Ceccaldi-Raynaud ne s’y est pas trompée : ce résultat est un très mauvais présage pour elle. Oubliée l’annonce traditionnelle des résultats au micro devant un parterre conquis à la Mairie le soir des élections. Seuls les nombres de voix, sans aucun pourcentage, ont été annoncés, sans micro, dans l’entrebâillement d’une porte.
Ce résultat s’explique avant tout par le fait que LREM est désormais la première force de droite à Puteaux. L’étude des résultats détaillés le montre effectivement : c’est désormais l’électorat de droite qui constitue le socle du parti présidentiel, en résonance avec sa politique nationale. Avec 30,4% des voix, LREM est largement devant LR, même renforcé par l’UDI et DLF/CNIP. De quoi provoquer quelques nuits blanches à la mairie.
Le résultat de la gauche et des écologistes est l’autre surprise de ces élections européennes à Puteaux. Avec EELV frôlant les 15%, dépassant son score national, les forces de la gauche et de l’écologie totalisent plus de 35% des voix. Bien sûr, cela ne doit pas éclipser le fait que la ville est toujours majoritairement à droite, mais il faut y voir un signe d’espoir pour les années à venir.
Comme au niveau national, l’enjeu principal sera l’union ou la désunion de ces différentes forces. Mais l’avenir est prometteur !
Au travail (à nouveau).
Laisser un commentaire