Les élections européennes approchant, l’UMP a sorti hier son “livre noir des villes de gauche“. Après le “livre noir des régions socialistes”, c’est donc aux municipalités socialistes que la droite s’attaque. J’aurais pu ne pas en parler pour ne pas lui faire de pub, mais ce livre m’a tellement amusé que je ne résiste pas au plaisir de le faire !
S’opposer pour s’opposer
Et en effet, ce livre est amusant à plus d’un titre. Tout d’abord, alors qu’on entend régulièrement l’UMP raconter “le PS, c’est l’opposition permanente”, ou bien dire que nous n’avons pas de propositions, ils se livrent à une critique en règle – absolument non constructive – de la gestion de la Gauche dans les villes. Cela prouve, s’il y avait besoin, qu’ils n’ont actuellement aucune idée à défendre, alors que le PS, à travers son Manifesto, a établi un programme concret, aux propositions ambitieuses et solides. On comprend alors que la droite en soit réduite au dénigrement systématique, quand elle n’a toujours pas réussi à mettre en place ses listes pour les élections, ni un programme autre que “Non à la Turquie !”.
Des critiques absurdes et sans fondement
Ceci dit, si leurs critiques étaient fondées, on pourrait comprendre qu’ils sortent ce livre. Mais c’est là le second point amusant ! Je n’ai lu pour l’instant que les critiques de Grenoble et Paris, et j’ai beaucoup ri.
Pour Grenoble, Fabien de Sans Nicolas commence par remettre en cause l’arrivée de Michel Destot à la tête de la ville. Alors qu’Alain Carignon serait devenu maire héroïquement, Michel Destot n’y serait arrivé que grâce à une “bonne fée”. Est-il nécessaire de rappeler que Carignon croule à l’époque sous les “affaires politico-judiciaires”, qui font de lui l’un des politiques les plus malhonnêtes de son époque ? Qu’il a été condamné à 5 ans de prison (notamment) pour corruption, abus de biens sociaux et subornation de témoins ?
Le reste du texte de Fabien Sans Nicolas a du mal à attaquer la politique de Michel Destot. Il passe rapidement sur ses deux premiers mandats (et donc sur 12 ans de la ville), pour ne s’attarder qu’à la première année du nouveau mandat. Et que lui reproche-t-il alors ? Il lui reproche, je cite, de “ne pas avoir su anticiper la crise”. Ce constat est particulièrement ironique, à deux égards. Premièrement, si la Droite n’a jamais imaginé un seul instant que le modèle libéral conduirait à la crise, la Gauche l’a toujours dénoncé ! L’hôpital se moque-t-il de la charité ? Et deuxièmement, qui, il y a un an, aurait pu prévoir que la crise économique serait si rapide et si forte ? Personne.
Enfin, dernier point sur lequel l’UMP attaque Michel Destot : “il a conduit Grenoble à un échec cuisant lors de la désignation de la ville qui représentera la France à l’organisation des Jeux Olympiques de 2018”. Apparemment, F. de Sans Nicolas ne s’est pas beaucoup intéressé au dossier ! En effet, comme je le précisais dans l’article sur les candidatures aux JO, après étude des dossiers par la commission, Grenoble était en tête ! Ce qui signifie que la capitale des Alpes avait le meilleur dossier sur le fond. Si Annecy a finalement été choisie, c’est grâce au vote des membres du CNOSF, vote qui résulte plus du sentiment personnel que de l’étude technique. Comme “échec cuisant”, on a vu pire !
Pour Paris, je la ferai courte, car la critique est encore plus caricaturale ! Il est reproché à Bertrand Delanoë d’être “un maire moderne, soucieux des problèmes économiques et désireux de promouvoir l’art et la culture“. Et de rappeler la mise en place des Vélib‘, l’organisation des Nuits Blanches, ou encore Paris Plage… Pire encore, Delanoë a – quelle hérésie -, créé des emplois ! L’UMP est donc le seul parti qui, à l’heure où le chômage explose, déplore la création de 8 000 postes de fonctionnaires.
Enfin, dernier point dénoncé par la Droite, le PS à paris, “au nom de l’idéologie socialo-verte”, a privilégié le déplacement en transports en commun plutôt que le déplacement en voiture. Qui aujourd’hui s’oppose encore à cela ? L’UMP nous fait une belle démonstration anti-écologique, à l’heure où le développement durable et l’empreinte de l’Homme sur la planète sont sur toutes les lèvres.
Et Puteaux, dans tout ça ?
Enfin, la lecture de ce document est d’autant plus “amusante” pour les Putéoliens. Lorsque l’on compare les critiques formulées par le parti de Joëlle Ceccaldi-Raynaud avec la politique que celle-ci met en place dans notre ville, on hallucine. Que ce soit sur l’augmentation des impôts (votée lors du dernier Conseil Municipal), le budget “petits fours” (qui est toujours cité ironiquement par nos voisins), les logements sociaux (dont le pourcentage baisse chaque année, et qui sont souvent insalubres), le mépris de l’opposition (dont les questions ont par exemple été zappées lors du Conseil Municipal de janvier), etc., Puteaux fait bien pâle figure à côté des villes socialistes. A quand le livre noir de Puteaux ?
Un livre inutile
Pour conclure, je dirais qu’il est logique que ce livre noir soit plus que bancal : il est bien difficile pour la Droite de critiquer les mairies socialistes, dont la gestion est bien meilleure que la leur. Mais alors, pourquoi tout de même essayer de faire un livre noir sur ce sujet ? S’abstenir aurait sans doute été la meilleure solution, surtout à la veille d’un rendez-vous électoral !
Petit bonus : on remarquera l’extrême démagogie de “l’ouvrage”. A aucun moment, le logo UMP n’apparaît, ou le parti n’est cité. Volonté affichée de faire croire aux Français qu’il s’agit d’un livre indépendant, alors qu’il a été effectué par le parti de la majorité, et que tous les témoignages sont écrits par les candidats de droite ayant perdu les élections municipales !
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